Colin Firth et Helena Bonham Carter |
Période post-Oscars oblige, une séance de rattrapage s'imposait. Sans attendre le Printemps du cinéma (les 21, 22 et 23 mars prochains, 3.50€ la séance. Voilà pour la pub !), je me suis précipitée pour voir Le Discours d'un roi.
Meilleur scénario original, meilleur acteur, meilleur réalisateur et pour terminer, meilleure film, la barre est haute et je serai intransigeante !
Le scénario de David Seidler semble osé : combler un film de deux heures avec un sujet tel qu'un trouble de l'élocution (ici, le bégaiement), ça surprend et peut peut-être en refroidir quelques uns. Et pourtant, le scénario est judicieusement bien tissé. Toutefois, petite ombre au tableau, j'ai légèrement perdu le fil au milieu, trouvant la trame un peu longue. Mais la fin du film approchant, on s'y replonge immédiatement, retenant notre souffle à chaque mot formulé pour savoir si, enfin, il va pouvoir prononcer son fameux discours. Tel un véritable thriller, la tension est palpable même à l'écran. Les traits sont tirés, les mâchoires crispées, et c'est tout l'espoir d'un peuple qui repose sur ce personnage qui incarne paradoxalement aussi bien la souveraineté que l'angoisse et la fragilité. On sent alors que la problématique va bien au-delà de la situation politique du pays, mais qu'il s'agit bien de l'histoire de ce roi considéré comme inapte à la fonction royale mais sans aucun doute soutenu et hautement respecté par son peuple, et c'est là tout l'art d'être Anglais.
L'art du film, quant à lui, c'est d'avoir su insérer des pointes d'humour, justement placées, et nous révéler de ce roi timide, dont la descendance lui impose une certaine austérité, un tout autre visage de bon vivant. On se rappelera notament de cette scène mythique dans laquelle "Bertie" se délie la langue avec toutes les insultes qu'il est capable d'extraire de son vocabulaire de monarque. Quelle beauté !
Cette légèreté au milieu du mal-à-l'aise, elle repose aussi et surtout sur le remarquable Geoffrey Rush qui interprète l'orthophoniste du roi. La complicité qui s'installe entre les deux personnages est un véritable lien qui va bien plus loin que la traditionnelle relation patient-thérapeute, fondée sur beau principe humaniste : considérer l'autre comme son égal.
Colin Firth |