mardi 28 septembre 2010

Lost In Translation (Sofia Coppola - 2002)

Comme vous viendrez à le constater par la (très prochaine) suite, Sofia Coppola est une de mes figures de proue de la réalisation. Je suis tombée amoureuse de son univers et de ses personnages, tous un peu les même, certes, tous un peu plus perdus les uns que les autres dans un monde où ils se sentent trop à l'étroit. Marie-Antoinette est à l'image de Lux Lisbon ou de Charlotte et Bob Harris ici.
Mais quand j'ai découvert Lost In Translation un soir d'hiver sur Arte, sans vraiment savoir pourquoi, sans connaître le nom de la réalisatrice, je m'attendais à un film d'action, d'argent et de filles. De fille, il y en a une. Et remarquablement interprétée par Scarlett Johansson, naturelle, simple, fraîche, souriante. Pour lui donner la réplique, Bill Muray. Nom inconnu, je découvre.

Scarlett Johansson et Bill Murray
Elle, perdue dans le bazar de sa vie de jeune mariée à un photographe surbooké qui lui offre à peine quelques moments d'affection. Lui, qui, à cinquante ans, survit entre les harcèlement en moquette de sa femme et les tournages de la publicité pour ce fichu whisky. Deux personnages paummés qui se retrouvent dans l'effervescence de la capitale nippone, Tokyo. Contraste interessant. Perdus dans la traduction. On s'attend à la véritbale love story, le coup de foudre, l'histoire clichée construite de toute pièce et qu'on voit venir dès les trois premières minutes, mais on assiste tout simplement à la rencontre de ces deux personnes. Et c'est dans ce film que le mot "rencontre" prend tout son véritable sens. Un homme, une femme, une rencontre. Point. Une rencontre faite de finesse et subtilité, simplement parce qu'on est attiré par la personnalité de l'autre, qu'il nous intrigue, qu'on a envie de partager quelque chose avec l'autre. Le partage. Un mot important aussi dans ce film. Ce qui semblait complètement vide devient petit à petit moins désagréable lorsqu'on le partage à deux. Et puis ces instants de silences. Les plus beaux que j'ai jamais vu dans un film. Des silences parce que les mots n'ont pas leur place ou parce qu'ils n'ont pas besoin d'être dits pour être compris.

dimanche 26 septembre 2010

J'ai tué ma mère (Xavier Dolan - 2009)

Xavier Dolan
J'avoue avoir rabâcher les oreilles de quelque uns avec ce film. Et pour cause, j'ai enfin pu voir le premier film de ce fameux Xavier Dolan. Qui donc est-il ? Qui est ce nouveau venu sur le devant de la scène du cinéma et qui est-il pour avoir autant déferler la chronique lors du Festival de Cannes il y a un an et par la même occasion, en a profité pour rafler trois prix à la Quinzaine des réalisateurs ? Qui est celui qu'on qualifie de "génie", de "petit prodige", qui est capable d'écrire réaliser, interprêter et produire son premier film à 19 ans ?
Le jour tant attendu est arrivé, je vais enfin avoir la réponse à mes questions. J'ouvre le DVD, je lance le film et... je savoure.




J'ai tué ma mère est un film aussi violent que son titre le laisse paraître. Une véritable confrontation entre Hubert et sa mère à huis-clos. Les dialogues, durs et amers ricochent contre les parois du cadre, ne trouvant aucune issue à cette impasse et se retournent contre ses personnages. Les insultes proférées par Hubert envers sa mère et toute cette rage qui lui écorche la voix font apparaître le malaise profondément enfoui chez l'adolescent. La tendresse n'est cependant pas si loin. Cachée dans un vieux tiroir, endormie dans des vieux souvenirs, capable de réapparaître entre deux accès de violence et de faire une trève au milieu de cette fièvre haineuse. Sous la forme d'un film-documentaire, Dolan entreprend aussi une réflexion sur la relation mère-fils et nous prend en témoin lorsqu'il se filme, face caméra, se mettant à nu dans sa salle de bain, exposant ses diverses considérations à ce sujet. Peut-on à la fois aimer et haïr sa mère ? Qu'est-ce qui fait de moi un bon ou un mauvais fils ? Comment lui dire ? Et comme un réalisateur est avant tout un artiste, on se fait plaisir aux yeux. Ces ralentis, ces plans de dialogues, ce cadre, ces couleurs, cette musique (Surface of Atlantic, Crystal Castle, Vive la Fête, Vivaldi). On voit que le talent, tout comme le professionalisme, sont là. A 19 ans, bordel.

"J'imagine que, aux yeux des gens, haïr sa mère c'est un pêché.
C'est hypocrite quand même. Eux aussi ils ont haït leur mère, c'est sûr.
Ca a peut-être duré une seconde, ça a peut-être duré une heure,
peut-être que ça dure plus, peut-être que ça a été oublié, je sais pas,
mais je m'en fous, ils l'ont quand même fait."


Anne Dorval et Xavier Dolan

A noter : Le deuxième film de Xavier Dolan, Les Amours Imaginaires, sort ce mercredi. Pour voir la bande-annonce, c'est ici : Les Amours Imaginaires (bande-annonce)

vendredi 24 septembre 2010

Entrée en matière

Photo de Blue-Bluw.
Moi, j'aime le cinéma.

J'aime passer des heures devant les affiches, à lire tous les synopsis et à bien analyser les avis des grands magazines. J'aime me creuser la tête à savoir quel film je vais aller voir ce soir, quelle soirée est-ce que j'ai envie de passer, est-ce que j'ai envie de rire ou de pleurer. J'aime prendre mon temps devant la porte du cinéma. Puis quand j'ai décidé, j'aime rentrer dans le hall et m'avancer au guichet pour dire que je voudrais un ticket pour tel film. J'aime sentir ce ticket entre mes doigts, ce ticket qui va me guider dans un autre monde pendant deux heures en quelque sorte. Puis j'aime bien aussi choisir ma place dans la salle. Pas trop devant, ni trop derrière. Juste là. J'aime voir les spectateurs venir s'installer petit à petit et je m'amuse à imaginer si c'est la même motivation qui nous a pousser à aller voir ce film en particulier. J'aime aussi quand les lumières s'éteignent et que le silence se fait progressivement. On sent alors que tout le monde se prépare, s'installe confortablement pour être à l'aise pendant les deux heures qui vont nous faire voyager. J'aime entendre la musique si célèbre qui précède les films pour pouvoir l'imiter du bout des lèvres parce que je l'ai toujours fait. J'aime me laisser transporter par l'histoire, les paysages, les acteurs, la musique, les cadres. J'aime savourer les moments de silence qu'il y a de temps en temps dans le film et dans la salle. Sentir qu'on est tous dans la même situation, même si on ne ressent sûrement pas la même chose. J'aime quand on ne sent même plus le fauteuil sous ses fesses, qu'on n'entend même plus le voisin de devant qui mange son pop-corn parce qu'on est pris dans le film. J'aime aussi quand même quand le générique de fin arrive et qu'on revient à la réalité, qu'il faut sortir de cet état second dans lequel on était pendant deux heures. Parce que justement, c'est à ce moment là qu'on réalise à quel point on a été transporté par le film. J'aime rester assise dans mon fauteuil alors que tout le monde se lève et prend son manteau pour s'en aller. J'aime rester là, à remettre de l'ordre dans ma tête. J'aime être la dernière à sortir de la salle et du cinéma en disant bonsoir au garçon qui m'a donné mon ticket deux heures plus tôt en pensant qu'il doit être content que le film n'ai pas durer trop tard, qu'il n'est qu'onze heures et demi. J'aime remonter chez moi dans une atmosphère toute autre, dans l'atmosphère du film. M'imaginer que je suis le personnage principal et continuer le film à ma façon. J'aime m'endormir en sachant que je vais rêver du film, me retrouver l'héroïne principale de ma propre histoire.

Ouais, moi j'aime le cinéma.