samedi 30 octobre 2010

The Social Network (David Fincher - 2010)

Pour commencer, c'est une bande-annonce qui semble un film à elle toute seule (pour ne pas la rater, il faut cliquer ici : bande-annonce), servie sur une version de Creep comme on ne l'a jamais entendue. Ensuite, c'est un sujet on ne peut plus d'actualité. En tant qu'adepte comme 500 millions d'entre nous, le phénomène Facebook titille ma curiosité. The Social Network est désigné comme "LE film du mois", du moins pour la scène internationale puisqu'on sait très bien que les Français ont élu le leur, Les Petits Mouchoirs, bien avant sa sortie dans les salles.

En bref, c'est un film à haute potentialité dans lequel s'engage David Fincher.




Ça me troue le coeur, mais j'ai bien peur qu'il faille que je commence par là : je ne m'attendais pas à ça. C'est certainement mon côté "psycho" qui ressort mais je pensais que David Fincher aurait traité le thème de Facebook en tant que phénomène séculaire qui ronge petit à petit nos vies sociales et qui nous enfonce chacun dans notre propre solitude face à l'illusion du nombre de nos demandes d'amis. Du moins, j'aurai trouvé ça diaboliquement intéressant (quoi de plus jouissif que de détruire cette grosse machine informatico-sociale et risquer de se mettre à dos tous les Facebook-addict ?).
Mais Fincher semble avoir été plus sage. Peut-être a-t-il choisi la sûreté.


The Social Network retrace donc la création de ce qui symbolise le XXIème siècle à travers son jeune génie de créateur, j'ai nommé Mark Zuckerberg (à prononcer 10 fois le plus vite possible), et les quelques procès qui lui ont été intentés. Concentration : je vous parle d'un film qui traite informatique d'un côté, juridique et économique de l'autre. La tâche s'avère donc difficile pour mon pauvre cerveau dont la connaissance en SES s'est arrêté à la fin de la 2nde et où celle en informatique se limite à du copier-coller.


Et pourtant.
Pourtant on se plonge dans le film, on s'accroche à l'histoire et on suit le fil sans le perdre. Alors certes, The Social Network est un film de nerd, mais un film de nerd réussi. Peut-être parce qu'au centre trône un anti-héro autant génial que nerd (d'ailleurs, qui a dit que les deux termes étaient mutuellement exclusifs ?). Agaçant et insolent à souhait, il incarne l'ami qu'on catégorise (trop) vite dans la case du looser. Chaussettes-tongs, vieux sweat-shirt et une gueule toujours ouverte. Les claques se perdent même à certains moments. Et pourtant, Mark Zuckerberg s'offre une vengeance ingénieuse et perverse à la fois. Une vengeance qui va lui rapporter jusqu'à plus de 32 milliards de dollars. C'est une ascension qui commence sans jamais s'arrêter en même temps qu'un nouvel univers qui s'ouvre à lui car à partir de ce moment, il faut passer aux commandes de cet engin, on peut le dire, spatial. Et c'est là que la fameuse phrase de la fameuse affiche prend tout son sens : "On ne peut pas avoir 500 millions d'amis sans se faire quelques ennemis", derrière laquelle le visage de Mark Zuckerberg semble enfermé. Petit génie ou grand désespéré ?

David Fincher a donc de quoi faire avec ce film. Il agrémente le tout d'une très bonne bande originale, mêlant pop-électro à la musique d'opéra comme dans la scène très réussie de la course d'aviron sur fond de Peer Gynt

A quand le film sur Steve Jobs ?

samedi 16 octobre 2010

Les Petits mouchoirs (Guillaume Canet - 2010)

Guillaume Canet

J'attendais la sortie du nouveau film de Guillaume Canet depuis un bon petit moment, et bien j'ai même eu la chance de le voir en avant première. Il faut dire qu'on l'attend au tournant le beau Guillaume  depuis son premier film césarisé, Ne le dis à personne. Alors, qu'est-ce que le meilleur réalisateur de 2007 nous a-t-il réservé pour ce film qui semble si important à ses yeux, à en juger ses multiples interviews des dernières semaines ?

Et bien, permettez-moi de faire descendre notre très cher Guillaume Canet de son piédestal le temps d'une critique.

Oui, et je le revendique, j'ai assisté ce soir à ce que je craignais assister, c'est à dire une comédie dramatique mi-mièvre, mi-savoureuse. Durant tout le film, je n'ai fais que jongler entre le (vrai) rire, les (vraies) larmes, et... l'exaspération, il faut bien le dire. C'est d'ailleurs très désagréable de se sentir ainsi ballotée entre des émotions si opposées.


L'histoire, on commence à la connaître : une bande de potes qui partent en vacances pendant qu'un des leurs restent sur Paris, victime d'une accident de la route. Le scénario, du déjà vu. La bande de potes en vacances c'est vieux comme Les Bronzés. Mais ici ça marche, certainement parce que ladite bande de potes en est une dans la vraie vie. Marion Cotillard, François Cluzet, Benoît Magimel, Jean Dujardin, Gilles Lelouche,... en plus d'être une belle flopée d'acteurs, c'est aussi et avant tout la-bande-à-Guillaume (à laquelle on ajoute la magnifique participation de Mathieu Chédid *amoureuse* ). Alors pas étonnant qu'on se marre sur ce tournage. Mais l'effet "film de vacances" est à double tranchant. Il est à la fois réussi car cette énergie communicative qui se dégage du groupe fait qu'on se paie une franche marade aux côtés des acteurs (et pas des personnages. J'y tiens à cette nuance !), mais c'est aussi dévalorisant pour le film car on ne peut s'empêcher de faire la comparaison avec des navets français dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom. Les gags sont faciles, l'humour y est à répétition et les personnages sont trop. Max est trop excité, Marie est trop sensible, Antoine est trop lourd, Isabelle et Valérie sont trop discrètes, Jean-Louis est trop the-voice-of-wisdom et même les enfants sont trop inutiles (Benoît Magimel est aussi trop baraqué soit dit en passant...).  On a du mal à s'identifier aux personnages. On assiste plus à leurs vacances qu'on y participe et honnêtement, j'aurai même eu du mal à y participer financièrement parlant. Les sorties ski nautique, les buffets d'huîtres, la nounou-même-pendant-les-vacances,... Le côté vacance-de-riche fait légèrement grincer des dents.









Les émotions, bien que faciles, sont néanmoins belles et bien présentes et vraies. Une irréprochable sincérité s'en dégage. Les fou-rires reflètent une super ambiance lors du tournage, les larmes, elles, sont boulversantes. L'émotion dans un film, c'est bien. C'est même important. Mais comme partout, on pourrait dire que "trop d'émotion tue l'émotion".  Sans dévoilé la fin du film (quel crime !), il faut dire tout de même qu'on termine le film en  plongeant tête la première dans un pathos à en faire lever les yeux aux ciel. La sensibilité, d'accord. Mais je n'aurais jamais pensé que notre réalisateur viril et belle gueule duquel on est toutes tombées amoureuses aurait pu être l'auteur d'autant de gnangnantisme à certains moments. Certaines scènes ne font d'ailleurs qu'alourdir ce fade bourbier dans lequel on s'enlise. C'est sévère, je l'admet, mais Guillaume Canet sauve tout de même les meubles en nous servant le tout sur une belle bande originale qui confirme ses bons goûts et son amour pour la musique (à savoir qu'il a notamment participé à l'écriture d'une des chansons). A ce propos, un seul bémol peut-être : le passage où Maxim Nucci joue sa jolie chanson à la guitare autour de la table ressemble un peu trop à une promo du nouvel album de Monsieur Yodelice...

Il est peut-être là le problème de ce film. On ne peut s'empêcher d'être agacé et conquis à la fois. On trouve ça niais au possible mais on se fait quand même avoir . Parce qu'il faut bien le dire, ses "Petits mouchoirs", Guillaume Canet a tout de même réussi à me les faire sortir.


P.S. : Ok, j'ai aussi littéralement bavé pendant la scène où Mathieu Chédid était à l'écran. Que voulez-vous ? Je venais de rencontrer l'homme de ma vie, ça fait un choc.

Mathieu Chédid

lundi 4 octobre 2010

Elephant (Gus Van Sant - 2003)

Voilà un film qui m'a marqué. Tant par l'histoire (inutile de préciser qu'elle est vraie) que par le fait que c'est la première fois que je me suis vraiment penchée sur le côté technique d'un film. La manière de filmer, le but de filmer de cette façon, le choix de la musique, des plans, des dialogues, des lieux. Et puis Elephant m'a aussi fait découvrir Gus Van Sant et comprendre que chaque réalisateur se reconnaît à sa manière si particulière de mener la caméra avec un regard tout aussi unique.

John Robinson

Dans ce film, le réalisateur réussit à faire ressentir au spectateur cette sensation de "calme avant la tempête". Les nuages noirs qui percent au loin, Beethoven, ces longues marches silencieuses dans les couloirs. On pourrait presque penser que le film est inversé. On a l'impression de traverser un lycée endeuillé d'avance. Mais, connaissant l'issue du film par rapport aux faits d'actualités, on peut se rendre compte de la terrible injustice dont ces adolescents vont être victimes quelques heures plus tard. On prend bien le temps de se promener dans ce lycée, d'observer tous ces jeunes si différents, de s'attacher, s'identifier aux uns plus qu'aux autres. Et si on faisait nous aussi parti de ce lycée ? Un élève parmi les autres. Gus Van Sant sait jouer avec le spectateur et le rend témoin de la scène qui se déroule, mais, encore une fois, on reste impuissant. Un réalisateur sadique ? Non, un réalisateur talentueux. Un réalisateur qui s'attarde aussi sur ces deux garçons qu'on aurait presque envie de défendre, qu'on a envie de tirer doucement par le bras en leur disant que ça va aller. Même eux montrent une rage qui a longtemps été enterrée mais nous font comprendre que, cette fois-ci, le trou n'est plus assez grand. Et ça explose.

Elephant c'est aussi des scènes poignantes. Cette scène de la douche, moi je la trouve... extrêmement touchante. Pas vulgaire ni ridicule, mais simplement émouvante. Il y a là un contraste entre ce moment d'intimité et de tendresse inattendue et le moment de la fusillade. Juste avant, le moment où l'un d'eux joue du piano pendant que son ami est devant un jeu vidéo. Le notes de Beethoven qui effleurent à peine le piano, profondes, graves, pour finir énervées et impatientes et finallement tout jeter par la fenêtre. Encore un contraste fulgurant entre la musique et la scène, qui nous fait prendre conscience de la véritable personnalité mais aussi de la profondeur de son malaise. Finallement, ce film est un jeu entre le calme et la violence. Mais c'est le calme d'une souffrance qui pèse, et où cette violence serait le coup de tonnerre qui viendrait mettre fin à tout ça. Il est peut-être là le message du réalisateur lorsqu'il filme le ciel. Une sorte de métaphore de la tempête. On ne peut pas sortir de la salle dans le même état d'esprit dans lequel on est rentré.

Et si ce film a fait autant parlé de lui, ce n'est pas pour rien qu'il a été élu le 2ème meilleur film de la décennie par les Cahiers du Cinéma et qu'il a remporté la Palme d'Or  et le Prix de la mise en scène à Cannes ainsi que le Prix de l'Education Nationale, rien que ça.

"Am Stram Gram..."