samedi 27 novembre 2010

Pieds-nus sur les limaces (Fabienne Berthaud - 2010)

Ludivine Sagnier et Diane Kruger

Un vent de liberté souffle sur le cinéma français.

Après le virage à 180° que prend Paul Exben dans "L'Homme qui voulait vivre sa vie" d'Eric Lartigau (dont l'absence sur ce blog est inacceptable, je le reconnaît), c'est Fabienne Berthaud qui nous offre ce nouveau souffle avec l'adaptation de son roman "Pieds-nus sur les limaces".  La tendance est au lâcher-prise. Les Français ne seraient-ils pas un tantinet envieux de ceux qui osent finalement vivre ?


Ludivine Sagnier
Le film est construit sur deux personnages, ou plutôt, deux personnalités (formidablement portées par Ludivine Sagnier et Diane Kruger) dont les traits sont résumés dans la bande-annonce par une cascade d'adjectifs : "L'une est drôle, insolente, sexuelle, naturelle, spontanée, libre. L'autre est rangée, raisonnable, introvertie, sage, rigide, classique." Le ton est donné et on se doute de ce qu'il va se passer par la suite. Mais ce qu'on ignore, c'est qu'on va être projeté dans un univers qui nous semble complètement parallèle alors qu'il est à la portée de tous; ce monde, magnifié par tous les plans-séquences supervisés par la directrice de la photographie, Nathalie Durand, qui parvient à jouer avec la lumière comme personne, à faire de Lily une véritable reine de la nature et à faire ressortir chez le spectateur une irrésistible envie de se laisser transporté.

Diane Kruger
Au delà de ces images à en éblouir les yeux, c'est aussi un film qui invite à la réflexion, une véritable réflexion sur nous-même et ce que nous faisons de notre vie. On ne peut que rêvasser face à la conversion, que dis-je, à la résurrection de Clara qui semble s'être rendue à l'évidence de son manque d'oxygène. De la même manière, Lily nous paraît comme une sorte d'étrange créaure, à la limite de l'internement, mais en quoi est-elle déviante réellement ? Ceux qui verront en cette jolie blonde un retard mental ou toute autre déficience intellectuelle ne seront que victime d'une tendance à la pathologisation (Hommage à mes cours de psychopathologie et à VDL...). Que nenni ! Le raisonnement est bel et bien présent et il semble même qu'elle se rende compte de sa personnalité quelque peu hors du commun :  "Et moi j'ai fais médecine, mais du côté des malades !" Parce qu'au final on se pose la question : et si c'était elle qui était normale ? Après tout, ce n'est peut-être qu'une manière de vivre qu'on a peu l'habitude de voir mais qui, pourtant, nous effleure l'esprit, bouillone dans notre for intérieur tel un interdit qu'on s'imposerait sans raison.

Voilà un film qui réchauffe le coeur et l'esprit à l'heure où la neige et le brouillard se rependent un peu partout. 
C'est frais, c'est doux, c'est poétique.

"Tu t'es foutu dans un moule,
et si ça continue,
tu vas finir comme une tarte."