mercredi 22 décembre 2010

2010

Nous y voilà !
Dernier article de l'année, j’ai décidé, aujourd'hui, de jouer les nostalgiques et de nous replonger dans tout ce que le cinéma nous a apporté durant cette année 2010.

James Cameron et Katheryn Bigelow aux Oscars.
Quoi de mieux que de commencer l’année par un record ? C’est en effet ce qu’à fait James Cameron et son film évènement, Avatar, qui, en plus d’avoir converti le cinéma à la 3D, est devenu le plus gros succès du cinéma en rapportant pas moins de 2.7 milliards de dollars. Cameron devient alors incontestablement le Bill Gates du cinéma. Pourtant, côté Oscars, le film n’obtient pas les lauriers attendus, se contentant des prix techniques. En revanche, la surprise est de taille puisque le jury récompense Katheryn Bigelow pour son film Démineurs qui rafle les prix les plus prestigieux : meilleur film, meilleur scénario et meilleure réalisatrice.
L’animation connaît aussi une grosse remontée, notamment avec le troisième volet de Toy Story qui remporte plus d’1 milliards de dollars, un record de recette pour un film d’animation.

Mathieu Amalric, Xavier Beauvois, Juliette Binoche et Javier Bardem à Cannes.
De l’autre côté de l’Atlantique, le cinéma français se refait une santé. Après le sacre de Jacques Audiard et de son acteur Tahar Rahim pour Un Prophète aux Césars au mois de février, c’est à Cannes que le cinéma français s’est donné rendez-vous. Xavier Beauvois séduit le jury de Tim Burton en remportant son grand Prix pour Des Hommes et des Dieux, Juliette Binoche se distingue grâce à son Prix d’interprétation féminine dans Copie Conforme, tandis que Mathieu Amalric se voit récompensé pour la mise en scène de son film burlesque Tournée. Les acteurs aussi se portent bien, et ce n’est pas Romain Duris qui vous dira le contraire. Avec deux films sortis cette année qui ont été bien accueillis par le public (L’Arnacoeur et L’Homme qui voulait vivre sa vie) et un autre à venir dans le courant de l’année prochaine, il est devenu l’acteur français le plus bankable, comme on dit dans le milieu.
Romain Duris dans L'Homme qui voulait vivre sa vie.

Enfin, dans les films que l’on n’oubliera pas cette année, on peut noter la collaboration des studios Disney avec le talentueux Tim Burton pour une adaptation d’Alice au Pays des merveilles, la double performance de Leonardo DiCaprio dans Shutter Island et Inception, Les Petits mouchoirs que Guillaume Canet a réussi à nous faire sortir avec toute sa bande de copains, ou encore le film de toute une génération facebookéenne, The Social network
Ma révélation à moi, elle s'appelle Xavier Dolan et elle nous vient du pays du Caribou et du sirop d'érable, tabernacle ! Je suis désormais à ses trousses, guettant les moindres faits et gestes de ce beau chevelu, qui, au dernières nouvelles, s'apprête à faire tourner un autre chevelu à la boucle souple et soyeuse, j'ai nommé Louis Garrel. J'en bave littéralement d'avance.

Leonardo DiCaprio dans Inception.


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Marion Cotillard dans Les Petits Mouchoirs.

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Andrew Garfield dans The Social Network.

Et voilà, une année se termine et une autre, pas même entamée, nous réserve déjà de beaux instants de cinéma. On attend notamment un bon début d'année avec le nouveau film de Sofia Coppola, Somewhere, et celui des frères Coen prévu dès la deuxième semaine de janvier, le retour de Guillaume Canet face caméra, pleins de supers-héros et des tas de suites, un Johnny Depp en pleine lancée et évidemment, la der des der de notre immortel (vraiment ?) sorcier à lunettes rondes.

Alors en attendant cette cuvée 2011, avec impatience, il ne me reste plus qu’à vous souhaiter de très bonnes fêtes de fin d’année !

«Je ne veux parler que de cinéma, pourquoi parler d’autre chose ? Avec le cinéma on parle de tout, on arrive à tout.»
Jean-Luc Godard

samedi 27 novembre 2010

Pieds-nus sur les limaces (Fabienne Berthaud - 2010)

Ludivine Sagnier et Diane Kruger

Un vent de liberté souffle sur le cinéma français.

Après le virage à 180° que prend Paul Exben dans "L'Homme qui voulait vivre sa vie" d'Eric Lartigau (dont l'absence sur ce blog est inacceptable, je le reconnaît), c'est Fabienne Berthaud qui nous offre ce nouveau souffle avec l'adaptation de son roman "Pieds-nus sur les limaces".  La tendance est au lâcher-prise. Les Français ne seraient-ils pas un tantinet envieux de ceux qui osent finalement vivre ?


Ludivine Sagnier
Le film est construit sur deux personnages, ou plutôt, deux personnalités (formidablement portées par Ludivine Sagnier et Diane Kruger) dont les traits sont résumés dans la bande-annonce par une cascade d'adjectifs : "L'une est drôle, insolente, sexuelle, naturelle, spontanée, libre. L'autre est rangée, raisonnable, introvertie, sage, rigide, classique." Le ton est donné et on se doute de ce qu'il va se passer par la suite. Mais ce qu'on ignore, c'est qu'on va être projeté dans un univers qui nous semble complètement parallèle alors qu'il est à la portée de tous; ce monde, magnifié par tous les plans-séquences supervisés par la directrice de la photographie, Nathalie Durand, qui parvient à jouer avec la lumière comme personne, à faire de Lily une véritable reine de la nature et à faire ressortir chez le spectateur une irrésistible envie de se laisser transporté.

Diane Kruger
Au delà de ces images à en éblouir les yeux, c'est aussi un film qui invite à la réflexion, une véritable réflexion sur nous-même et ce que nous faisons de notre vie. On ne peut que rêvasser face à la conversion, que dis-je, à la résurrection de Clara qui semble s'être rendue à l'évidence de son manque d'oxygène. De la même manière, Lily nous paraît comme une sorte d'étrange créaure, à la limite de l'internement, mais en quoi est-elle déviante réellement ? Ceux qui verront en cette jolie blonde un retard mental ou toute autre déficience intellectuelle ne seront que victime d'une tendance à la pathologisation (Hommage à mes cours de psychopathologie et à VDL...). Que nenni ! Le raisonnement est bel et bien présent et il semble même qu'elle se rende compte de sa personnalité quelque peu hors du commun :  "Et moi j'ai fais médecine, mais du côté des malades !" Parce qu'au final on se pose la question : et si c'était elle qui était normale ? Après tout, ce n'est peut-être qu'une manière de vivre qu'on a peu l'habitude de voir mais qui, pourtant, nous effleure l'esprit, bouillone dans notre for intérieur tel un interdit qu'on s'imposerait sans raison.

Voilà un film qui réchauffe le coeur et l'esprit à l'heure où la neige et le brouillard se rependent un peu partout. 
C'est frais, c'est doux, c'est poétique.

"Tu t'es foutu dans un moule,
et si ça continue,
tu vas finir comme une tarte."

samedi 30 octobre 2010

The Social Network (David Fincher - 2010)

Pour commencer, c'est une bande-annonce qui semble un film à elle toute seule (pour ne pas la rater, il faut cliquer ici : bande-annonce), servie sur une version de Creep comme on ne l'a jamais entendue. Ensuite, c'est un sujet on ne peut plus d'actualité. En tant qu'adepte comme 500 millions d'entre nous, le phénomène Facebook titille ma curiosité. The Social Network est désigné comme "LE film du mois", du moins pour la scène internationale puisqu'on sait très bien que les Français ont élu le leur, Les Petits Mouchoirs, bien avant sa sortie dans les salles.

En bref, c'est un film à haute potentialité dans lequel s'engage David Fincher.




Ça me troue le coeur, mais j'ai bien peur qu'il faille que je commence par là : je ne m'attendais pas à ça. C'est certainement mon côté "psycho" qui ressort mais je pensais que David Fincher aurait traité le thème de Facebook en tant que phénomène séculaire qui ronge petit à petit nos vies sociales et qui nous enfonce chacun dans notre propre solitude face à l'illusion du nombre de nos demandes d'amis. Du moins, j'aurai trouvé ça diaboliquement intéressant (quoi de plus jouissif que de détruire cette grosse machine informatico-sociale et risquer de se mettre à dos tous les Facebook-addict ?).
Mais Fincher semble avoir été plus sage. Peut-être a-t-il choisi la sûreté.


The Social Network retrace donc la création de ce qui symbolise le XXIème siècle à travers son jeune génie de créateur, j'ai nommé Mark Zuckerberg (à prononcer 10 fois le plus vite possible), et les quelques procès qui lui ont été intentés. Concentration : je vous parle d'un film qui traite informatique d'un côté, juridique et économique de l'autre. La tâche s'avère donc difficile pour mon pauvre cerveau dont la connaissance en SES s'est arrêté à la fin de la 2nde et où celle en informatique se limite à du copier-coller.


Et pourtant.
Pourtant on se plonge dans le film, on s'accroche à l'histoire et on suit le fil sans le perdre. Alors certes, The Social Network est un film de nerd, mais un film de nerd réussi. Peut-être parce qu'au centre trône un anti-héro autant génial que nerd (d'ailleurs, qui a dit que les deux termes étaient mutuellement exclusifs ?). Agaçant et insolent à souhait, il incarne l'ami qu'on catégorise (trop) vite dans la case du looser. Chaussettes-tongs, vieux sweat-shirt et une gueule toujours ouverte. Les claques se perdent même à certains moments. Et pourtant, Mark Zuckerberg s'offre une vengeance ingénieuse et perverse à la fois. Une vengeance qui va lui rapporter jusqu'à plus de 32 milliards de dollars. C'est une ascension qui commence sans jamais s'arrêter en même temps qu'un nouvel univers qui s'ouvre à lui car à partir de ce moment, il faut passer aux commandes de cet engin, on peut le dire, spatial. Et c'est là que la fameuse phrase de la fameuse affiche prend tout son sens : "On ne peut pas avoir 500 millions d'amis sans se faire quelques ennemis", derrière laquelle le visage de Mark Zuckerberg semble enfermé. Petit génie ou grand désespéré ?

David Fincher a donc de quoi faire avec ce film. Il agrémente le tout d'une très bonne bande originale, mêlant pop-électro à la musique d'opéra comme dans la scène très réussie de la course d'aviron sur fond de Peer Gynt

A quand le film sur Steve Jobs ?

samedi 16 octobre 2010

Les Petits mouchoirs (Guillaume Canet - 2010)

Guillaume Canet

J'attendais la sortie du nouveau film de Guillaume Canet depuis un bon petit moment, et bien j'ai même eu la chance de le voir en avant première. Il faut dire qu'on l'attend au tournant le beau Guillaume  depuis son premier film césarisé, Ne le dis à personne. Alors, qu'est-ce que le meilleur réalisateur de 2007 nous a-t-il réservé pour ce film qui semble si important à ses yeux, à en juger ses multiples interviews des dernières semaines ?

Et bien, permettez-moi de faire descendre notre très cher Guillaume Canet de son piédestal le temps d'une critique.

Oui, et je le revendique, j'ai assisté ce soir à ce que je craignais assister, c'est à dire une comédie dramatique mi-mièvre, mi-savoureuse. Durant tout le film, je n'ai fais que jongler entre le (vrai) rire, les (vraies) larmes, et... l'exaspération, il faut bien le dire. C'est d'ailleurs très désagréable de se sentir ainsi ballotée entre des émotions si opposées.


L'histoire, on commence à la connaître : une bande de potes qui partent en vacances pendant qu'un des leurs restent sur Paris, victime d'une accident de la route. Le scénario, du déjà vu. La bande de potes en vacances c'est vieux comme Les Bronzés. Mais ici ça marche, certainement parce que ladite bande de potes en est une dans la vraie vie. Marion Cotillard, François Cluzet, Benoît Magimel, Jean Dujardin, Gilles Lelouche,... en plus d'être une belle flopée d'acteurs, c'est aussi et avant tout la-bande-à-Guillaume (à laquelle on ajoute la magnifique participation de Mathieu Chédid *amoureuse* ). Alors pas étonnant qu'on se marre sur ce tournage. Mais l'effet "film de vacances" est à double tranchant. Il est à la fois réussi car cette énergie communicative qui se dégage du groupe fait qu'on se paie une franche marade aux côtés des acteurs (et pas des personnages. J'y tiens à cette nuance !), mais c'est aussi dévalorisant pour le film car on ne peut s'empêcher de faire la comparaison avec des navets français dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom. Les gags sont faciles, l'humour y est à répétition et les personnages sont trop. Max est trop excité, Marie est trop sensible, Antoine est trop lourd, Isabelle et Valérie sont trop discrètes, Jean-Louis est trop the-voice-of-wisdom et même les enfants sont trop inutiles (Benoît Magimel est aussi trop baraqué soit dit en passant...).  On a du mal à s'identifier aux personnages. On assiste plus à leurs vacances qu'on y participe et honnêtement, j'aurai même eu du mal à y participer financièrement parlant. Les sorties ski nautique, les buffets d'huîtres, la nounou-même-pendant-les-vacances,... Le côté vacance-de-riche fait légèrement grincer des dents.









Les émotions, bien que faciles, sont néanmoins belles et bien présentes et vraies. Une irréprochable sincérité s'en dégage. Les fou-rires reflètent une super ambiance lors du tournage, les larmes, elles, sont boulversantes. L'émotion dans un film, c'est bien. C'est même important. Mais comme partout, on pourrait dire que "trop d'émotion tue l'émotion".  Sans dévoilé la fin du film (quel crime !), il faut dire tout de même qu'on termine le film en  plongeant tête la première dans un pathos à en faire lever les yeux aux ciel. La sensibilité, d'accord. Mais je n'aurais jamais pensé que notre réalisateur viril et belle gueule duquel on est toutes tombées amoureuses aurait pu être l'auteur d'autant de gnangnantisme à certains moments. Certaines scènes ne font d'ailleurs qu'alourdir ce fade bourbier dans lequel on s'enlise. C'est sévère, je l'admet, mais Guillaume Canet sauve tout de même les meubles en nous servant le tout sur une belle bande originale qui confirme ses bons goûts et son amour pour la musique (à savoir qu'il a notamment participé à l'écriture d'une des chansons). A ce propos, un seul bémol peut-être : le passage où Maxim Nucci joue sa jolie chanson à la guitare autour de la table ressemble un peu trop à une promo du nouvel album de Monsieur Yodelice...

Il est peut-être là le problème de ce film. On ne peut s'empêcher d'être agacé et conquis à la fois. On trouve ça niais au possible mais on se fait quand même avoir . Parce qu'il faut bien le dire, ses "Petits mouchoirs", Guillaume Canet a tout de même réussi à me les faire sortir.


P.S. : Ok, j'ai aussi littéralement bavé pendant la scène où Mathieu Chédid était à l'écran. Que voulez-vous ? Je venais de rencontrer l'homme de ma vie, ça fait un choc.

Mathieu Chédid

lundi 4 octobre 2010

Elephant (Gus Van Sant - 2003)

Voilà un film qui m'a marqué. Tant par l'histoire (inutile de préciser qu'elle est vraie) que par le fait que c'est la première fois que je me suis vraiment penchée sur le côté technique d'un film. La manière de filmer, le but de filmer de cette façon, le choix de la musique, des plans, des dialogues, des lieux. Et puis Elephant m'a aussi fait découvrir Gus Van Sant et comprendre que chaque réalisateur se reconnaît à sa manière si particulière de mener la caméra avec un regard tout aussi unique.

John Robinson

Dans ce film, le réalisateur réussit à faire ressentir au spectateur cette sensation de "calme avant la tempête". Les nuages noirs qui percent au loin, Beethoven, ces longues marches silencieuses dans les couloirs. On pourrait presque penser que le film est inversé. On a l'impression de traverser un lycée endeuillé d'avance. Mais, connaissant l'issue du film par rapport aux faits d'actualités, on peut se rendre compte de la terrible injustice dont ces adolescents vont être victimes quelques heures plus tard. On prend bien le temps de se promener dans ce lycée, d'observer tous ces jeunes si différents, de s'attacher, s'identifier aux uns plus qu'aux autres. Et si on faisait nous aussi parti de ce lycée ? Un élève parmi les autres. Gus Van Sant sait jouer avec le spectateur et le rend témoin de la scène qui se déroule, mais, encore une fois, on reste impuissant. Un réalisateur sadique ? Non, un réalisateur talentueux. Un réalisateur qui s'attarde aussi sur ces deux garçons qu'on aurait presque envie de défendre, qu'on a envie de tirer doucement par le bras en leur disant que ça va aller. Même eux montrent une rage qui a longtemps été enterrée mais nous font comprendre que, cette fois-ci, le trou n'est plus assez grand. Et ça explose.

Elephant c'est aussi des scènes poignantes. Cette scène de la douche, moi je la trouve... extrêmement touchante. Pas vulgaire ni ridicule, mais simplement émouvante. Il y a là un contraste entre ce moment d'intimité et de tendresse inattendue et le moment de la fusillade. Juste avant, le moment où l'un d'eux joue du piano pendant que son ami est devant un jeu vidéo. Le notes de Beethoven qui effleurent à peine le piano, profondes, graves, pour finir énervées et impatientes et finallement tout jeter par la fenêtre. Encore un contraste fulgurant entre la musique et la scène, qui nous fait prendre conscience de la véritable personnalité mais aussi de la profondeur de son malaise. Finallement, ce film est un jeu entre le calme et la violence. Mais c'est le calme d'une souffrance qui pèse, et où cette violence serait le coup de tonnerre qui viendrait mettre fin à tout ça. Il est peut-être là le message du réalisateur lorsqu'il filme le ciel. Une sorte de métaphore de la tempête. On ne peut pas sortir de la salle dans le même état d'esprit dans lequel on est rentré.

Et si ce film a fait autant parlé de lui, ce n'est pas pour rien qu'il a été élu le 2ème meilleur film de la décennie par les Cahiers du Cinéma et qu'il a remporté la Palme d'Or  et le Prix de la mise en scène à Cannes ainsi que le Prix de l'Education Nationale, rien que ça.

"Am Stram Gram..."

mardi 28 septembre 2010

Lost In Translation (Sofia Coppola - 2002)

Comme vous viendrez à le constater par la (très prochaine) suite, Sofia Coppola est une de mes figures de proue de la réalisation. Je suis tombée amoureuse de son univers et de ses personnages, tous un peu les même, certes, tous un peu plus perdus les uns que les autres dans un monde où ils se sentent trop à l'étroit. Marie-Antoinette est à l'image de Lux Lisbon ou de Charlotte et Bob Harris ici.
Mais quand j'ai découvert Lost In Translation un soir d'hiver sur Arte, sans vraiment savoir pourquoi, sans connaître le nom de la réalisatrice, je m'attendais à un film d'action, d'argent et de filles. De fille, il y en a une. Et remarquablement interprétée par Scarlett Johansson, naturelle, simple, fraîche, souriante. Pour lui donner la réplique, Bill Muray. Nom inconnu, je découvre.

Scarlett Johansson et Bill Murray
Elle, perdue dans le bazar de sa vie de jeune mariée à un photographe surbooké qui lui offre à peine quelques moments d'affection. Lui, qui, à cinquante ans, survit entre les harcèlement en moquette de sa femme et les tournages de la publicité pour ce fichu whisky. Deux personnages paummés qui se retrouvent dans l'effervescence de la capitale nippone, Tokyo. Contraste interessant. Perdus dans la traduction. On s'attend à la véritbale love story, le coup de foudre, l'histoire clichée construite de toute pièce et qu'on voit venir dès les trois premières minutes, mais on assiste tout simplement à la rencontre de ces deux personnes. Et c'est dans ce film que le mot "rencontre" prend tout son véritable sens. Un homme, une femme, une rencontre. Point. Une rencontre faite de finesse et subtilité, simplement parce qu'on est attiré par la personnalité de l'autre, qu'il nous intrigue, qu'on a envie de partager quelque chose avec l'autre. Le partage. Un mot important aussi dans ce film. Ce qui semblait complètement vide devient petit à petit moins désagréable lorsqu'on le partage à deux. Et puis ces instants de silences. Les plus beaux que j'ai jamais vu dans un film. Des silences parce que les mots n'ont pas leur place ou parce qu'ils n'ont pas besoin d'être dits pour être compris.

dimanche 26 septembre 2010

J'ai tué ma mère (Xavier Dolan - 2009)

Xavier Dolan
J'avoue avoir rabâcher les oreilles de quelque uns avec ce film. Et pour cause, j'ai enfin pu voir le premier film de ce fameux Xavier Dolan. Qui donc est-il ? Qui est ce nouveau venu sur le devant de la scène du cinéma et qui est-il pour avoir autant déferler la chronique lors du Festival de Cannes il y a un an et par la même occasion, en a profité pour rafler trois prix à la Quinzaine des réalisateurs ? Qui est celui qu'on qualifie de "génie", de "petit prodige", qui est capable d'écrire réaliser, interprêter et produire son premier film à 19 ans ?
Le jour tant attendu est arrivé, je vais enfin avoir la réponse à mes questions. J'ouvre le DVD, je lance le film et... je savoure.




J'ai tué ma mère est un film aussi violent que son titre le laisse paraître. Une véritable confrontation entre Hubert et sa mère à huis-clos. Les dialogues, durs et amers ricochent contre les parois du cadre, ne trouvant aucune issue à cette impasse et se retournent contre ses personnages. Les insultes proférées par Hubert envers sa mère et toute cette rage qui lui écorche la voix font apparaître le malaise profondément enfoui chez l'adolescent. La tendresse n'est cependant pas si loin. Cachée dans un vieux tiroir, endormie dans des vieux souvenirs, capable de réapparaître entre deux accès de violence et de faire une trève au milieu de cette fièvre haineuse. Sous la forme d'un film-documentaire, Dolan entreprend aussi une réflexion sur la relation mère-fils et nous prend en témoin lorsqu'il se filme, face caméra, se mettant à nu dans sa salle de bain, exposant ses diverses considérations à ce sujet. Peut-on à la fois aimer et haïr sa mère ? Qu'est-ce qui fait de moi un bon ou un mauvais fils ? Comment lui dire ? Et comme un réalisateur est avant tout un artiste, on se fait plaisir aux yeux. Ces ralentis, ces plans de dialogues, ce cadre, ces couleurs, cette musique (Surface of Atlantic, Crystal Castle, Vive la Fête, Vivaldi). On voit que le talent, tout comme le professionalisme, sont là. A 19 ans, bordel.

"J'imagine que, aux yeux des gens, haïr sa mère c'est un pêché.
C'est hypocrite quand même. Eux aussi ils ont haït leur mère, c'est sûr.
Ca a peut-être duré une seconde, ça a peut-être duré une heure,
peut-être que ça dure plus, peut-être que ça a été oublié, je sais pas,
mais je m'en fous, ils l'ont quand même fait."


Anne Dorval et Xavier Dolan

A noter : Le deuxième film de Xavier Dolan, Les Amours Imaginaires, sort ce mercredi. Pour voir la bande-annonce, c'est ici : Les Amours Imaginaires (bande-annonce)

vendredi 24 septembre 2010

Entrée en matière

Photo de Blue-Bluw.
Moi, j'aime le cinéma.

J'aime passer des heures devant les affiches, à lire tous les synopsis et à bien analyser les avis des grands magazines. J'aime me creuser la tête à savoir quel film je vais aller voir ce soir, quelle soirée est-ce que j'ai envie de passer, est-ce que j'ai envie de rire ou de pleurer. J'aime prendre mon temps devant la porte du cinéma. Puis quand j'ai décidé, j'aime rentrer dans le hall et m'avancer au guichet pour dire que je voudrais un ticket pour tel film. J'aime sentir ce ticket entre mes doigts, ce ticket qui va me guider dans un autre monde pendant deux heures en quelque sorte. Puis j'aime bien aussi choisir ma place dans la salle. Pas trop devant, ni trop derrière. Juste là. J'aime voir les spectateurs venir s'installer petit à petit et je m'amuse à imaginer si c'est la même motivation qui nous a pousser à aller voir ce film en particulier. J'aime aussi quand les lumières s'éteignent et que le silence se fait progressivement. On sent alors que tout le monde se prépare, s'installe confortablement pour être à l'aise pendant les deux heures qui vont nous faire voyager. J'aime entendre la musique si célèbre qui précède les films pour pouvoir l'imiter du bout des lèvres parce que je l'ai toujours fait. J'aime me laisser transporter par l'histoire, les paysages, les acteurs, la musique, les cadres. J'aime savourer les moments de silence qu'il y a de temps en temps dans le film et dans la salle. Sentir qu'on est tous dans la même situation, même si on ne ressent sûrement pas la même chose. J'aime quand on ne sent même plus le fauteuil sous ses fesses, qu'on n'entend même plus le voisin de devant qui mange son pop-corn parce qu'on est pris dans le film. J'aime aussi quand même quand le générique de fin arrive et qu'on revient à la réalité, qu'il faut sortir de cet état second dans lequel on était pendant deux heures. Parce que justement, c'est à ce moment là qu'on réalise à quel point on a été transporté par le film. J'aime rester assise dans mon fauteuil alors que tout le monde se lève et prend son manteau pour s'en aller. J'aime rester là, à remettre de l'ordre dans ma tête. J'aime être la dernière à sortir de la salle et du cinéma en disant bonsoir au garçon qui m'a donné mon ticket deux heures plus tôt en pensant qu'il doit être content que le film n'ai pas durer trop tard, qu'il n'est qu'onze heures et demi. J'aime remonter chez moi dans une atmosphère toute autre, dans l'atmosphère du film. M'imaginer que je suis le personnage principal et continuer le film à ma façon. J'aime m'endormir en sachant que je vais rêver du film, me retrouver l'héroïne principale de ma propre histoire.

Ouais, moi j'aime le cinéma.